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Histoire du Féminin Sacré
Le Féminin Sacré
Le rôle de la Femme dans l'Ancien Temps : un peu d'histoire
Extrait de : LE FEMININ SACRE ET LA QUETE DE L’UNITE PERDUE
Par Jean Bernard Cabanes
A L’AUBE DE L’HUMANITE
La Grande Déesse était aussi associée à l’arbre de vie car elle présidait à l’abondance de la Nature, à la procréation et aux plaisirs qui y sont associés.
La femme était alors considérée comme l’incarnation dans la matière de la grande déesse, elle représentait le pouvoir créateur de la déesse mère et elle était l’instrument de son pouvoir dans le monde. Elle seule pouvait communiquer avec l’invisible, le sacré. Aussi la femme antique était elle chamane, guérisseuse, magicienne et prêtresse.
LA DEESSE MERE CELTIQUE ET L’EGLISE
Chez les anciens celtes le monde fut crée par la Mère des dieux et des hommes : Dana, ou Anna. Elle incarnait la fertilité, le pouvoir et l’opulence de la Nature. Elle était aussi le Terre Mère nourricière en tant qu’être vivant. Tout comme Gaïa en Grèce ou Lakshmi en Inde. Dana s’est démultipliée en une quinzaine de divinités féminines : Telles Birgit, Morgane, Epona, Rihannon etc. dont la plus part sont toujours présentes dans les légendes et les rites d’Irlande et de Bretagne. La position dominante de la déesse offrait aux femmes une place élevée et respectée dans la société celtique ; (voir : « la femme celte » de Jean Markale) elles avaient accès à la prêtrise et dirigeaient les rituels de fécondité.
C’est ainsi qu’Anna devint la mère de la Vierge, sainte Anne, particulièrement vénérée en Bretagne. Et Birgit enfila la robe de sainte Brigitte tout en conservant ses prérogatives sur la fécondité et les naissances.
Les lieux de cultes antiques furent récupérés par l’Eglise : nombre de chapelles et de cathédrales furent bâties sur d’anciens sanctuaires de la déesse, où l’on trouve encore vierges noires, fontaines miraculeuses ou menhirs. (St Anne la Palud, Locronan, Chartres, etc.) La Grande Déesse est donc toujours présente en terre celtique, cachée sous des habits et des rituels chrétiens.
PERMANENCE DE LA DEESSE DES ORIGINES DANS LES RELIGIONS ANTIQUES
La déesse devient la compagne du dieu, ou sa mère, dépouillée de son caractère solaire elle va cependant conserver une fonction sacrée essentielle : Elle sera la garante du pouvoir du dieu, voir son origine même. La mort saisonnière du fils-amant va conduire la déesse à descendre dans le royaume de la mort afin de la ramener à la vie : le dieu mort sera ressuscité par la déesse qu’il a détrôné, le dieu mâle ne survit que grâce à elle et à son pouvoir sur la mort : Le féminin Sacré tient entre ses mains l’existence du dieu :
En Mésopotamie : Ashera sera la parèdre de Yaweh jusqu’à la reforme de Josué, associée à l’arbre de vie elle génère 70 dieux ; sous le nom de Ishtar elle descendra aux enfers pour ramener son époux Tammouz, dieu des moissons, à la vie. Sous le nom d’Inana elle offrira sa vie au royaume des morts pour ressusciter Damuzi . Ishtar devra traverser 7 portes en abandonnant à chaque passage, sa couronne, ses bijoux, sa robe etc. (symbolisant la traversée des 7 chakras par Kundalini Shakti qu’elle doit purifier des vasanas qui en voilent la lumière ; si l’on se réfère au sens ésotérique de la traversée des plans de l’inconscient tel que l’enseignent les yogas hindous) Seul le héros Gilgamesh, en quête d’immortalité, lui refusera ses faveurs, afin de ne par mourir comme Tammouz. Réminiscence de la déesse dans le judaïsme : Ashera évincée par Josue, Yaweh se retrouve célibataire. Cependant, dans le judaïsme gnostique on voit apparaître la figure de Shekina, incarnant la sagesse, telle la Sophia hellenistique. Cette divinité aurait crée le monde et les hommes ; elle assure ainsi la persistance de la déesse originelle au sein du judaïsme. Alors que le Coran proscrit le culte de la déesse des arabes : A lat ; entraînant le statut déplorable des femmes en Islam privées de soutien du féminin sacré.
Constance de la déesse en Egypte ancienne :
En Egypte, la Déesse sous des formes variées est omniprésente, même si elle a perdu son caractère dominant solaire au profit de Atoum, de Ptah et de Râ, voire d’Aton. Le pharaon ne saurait régner sans sa sœur-épouse et la femme y a toujours conservé un statut enviable et la possibilité de fonctions élevées. En Scandinavie : Freya descend au royaume des morts sauver Baldur Le mythe se retrouve en Grèce, patrie des super héros mâles et des dieux solaires (Apollon), avec Aphrodite et Adonis. Persistance active et pouvoirs de la Déesse en Inde : Lorsque Shiva était immergé dans sa méditation sur le mont Kaïlash, les dieux lui envoyèrent Parvati afin qu’il entre en action ; sans elle il serait resté immobile pour l’éternité : la déesse est l’énergie du dieu ; la conscience mâle immobile ne peut rien sans l’énergie sacrée et active de la féminité cosmique. Aucun pouvoir divin mâle n’est actif s’il n’est mu par le pole sacré de la féminité. Tout le panthéon de l’Hindouisme est bâti sur ce modèle : Brahmâ, le créateur, est flanqué de Sarasvatî, protectrice des arts. Vishnou, le conservateur, a pour parèdre Lakshmi, déesse de l’opulence et des richesses. Et il en est de même pour tous les autres dieux.
En Inde la Devi continue de jouer un rôle cosmique majeur, elle est l’expression de la Mère Divine et reçoit un culte particulier des adorateurs de la Shakti, parfois sous la forme de Kali la noire. Aussi la féminité y est elle épanouie, magnifiée et sacralisée à travers les nombreuses héroïnes des textes sacrés et les grandes épopées. (Mahabaratta, Ramayana) ( Draupadi, Radha, Sita etc.) Savitri n’hésitera pas à suivre Yama, le dieu de la mort, pour lui arracher son époux Satyavan et le ramener à la vie. L’Inde a connu un grand nombre de saintes femmes et en connaît encore ; elles sont alors considérées comme des incarnations de la Mère Divine, des avatars. La déesse est toujours présente au coeur de la féminité indienne L’Inde elle-même n’est elle par nommée par ses habitants : « Mother India » Elle est le dernier bastion de la femme sacrée.
LA QUETE DU FEMININ SACRE : ESOTERISME D’UNE QUETE DE L’ABSOLU LE RETOUR A L’UNITE ORIGINELLE
La quête du Graal et le cycle Arthurien : Le Graal est un symbole féminin, il est porté par une femme. L’épée de pouvoir, Excalibur, est le symbole de la puissance du féminin sacré entre les mains du roi, elle est donné par la dame du lac, celui qui peut la brandir devient roi, il ne règne que par le pouvoir du féminin sacré. Lorsque la reine Guenièvre se retire, elle emporte l’épée, le pouvoir d’action, et le royaume se meurt, lorsque le roi Arthur se réveille enfin de sa torpeur, il va trouver Guenièvre qui lui rend Excalibur, il peut repartir au combat. Lorsque le roi meurt sur le champ de bataille, l’épée est rendue à la Dame du Lac, sa véritable détentrice. Le pouvoir de l’homme, sa royauté même, provient du féminin sacré. La reine Guenièvre est, ainsi que l’ensemble des dames du Graal, une femme solaire, réminiscence médiévale de la femme celte que le christianisme n’a pu faire disparaître.
Les femmes du cycle sont des initiatrices solaires des héros en quête d’absolu ; Viviane, Morgane , la porteuse du Graal, sont la survivance des antiques prêtresses celtes, avec toute la magnificence solaire que l’Eglise refusa aux femmes. En définitive, la Quête du Graal est celle de la Féminité sacrée : Dans la geste Arthurienne, comme dans d’autres épopées médiévales européennes, les chevaliers et les héros en quête sont le plus souvent poussés à se mettre en route par une femme, guidés par des femmes sur leur chemin, mis à l’épreuve par une femme (parfois sous l’antique forme du Dragon) et le but à atteindre est parfois une princesse endormie, ou captive, ou encore un symbole féminin comme la coupe du Graal.
Ces figures de femmes statiques incarnant l’aspect féminin de la quête sacrée sont autant de rencontres du héros male solaire avec sa féminité cachée (qui, étant occultée, en est devenue lunaire) Ce sont des aspects variés, des reflets, de son Anima (selon Jung) ou de l’expression symbolique de sa Shakti intérieure (selon les tantras hindous) Lorsque le héros délivre la jeune fille captive, il libère sa féminité secrète, qui épouse enfin sa conscience ; il retourne à l’unité de l’Etre, à la qualité androgyne originelle. Selon l’évangile de Thomas, Jésus dit que le royaume de Dieu ne peut s’ouvrir qu’à ceux qui ont unit en eux même le mâle et la femelle… Le héros mâle solaire devient alors un homme accompli : un homme lunaire (Pierre Solié : la femme essentielle ; Paule Salomon : la femme solaire) Symbolique du mariage alchimique entre les opposés : La fusion du masculin et du féminin, dépouillement des vêtements suivi de la mort des partenaires, de l’élévation au ciel puis renaissance sous la forme d’un être double, androgyne. Doté de l’or alchimique, l’or spirituel. Sophia hellénistique : la sagesse est femme. Muses et inspiratrices des artistes et des créateurs : L’énergie créatrice de l’homme lui vient d’un principe féminin, incarné ou non. Sans la muse, l’homme est à cours d’inspiration. Son œuvre est en réalité celle du féminin sacré ; qu’il soit éveillé en lui-même, ou qu’il soit le reflet de la présence d’une femme solaire à ses cotés.
Esotérisme du féminin sacré en Orient : Le « Jasm in des Fidèles d’Amour » de Ruzbehan Baqli Shirazi, soufi persan du douzième siècle ; L’enseignement de la théophanie : Dieu se révèle dans la beauté de la femme aimée : garder la flamme et oublier le miroir révélateur de l’Amour en soi. La femme est pure féminité sacrée à la fois témoin et miroir, pour l’homme, de sa propre qualité spirituelle. La beauté que l’homme perçoit sur le visage de la femme aimée est Présence divine dans la matière, c’est par sa contemplation fascinée que l’amant de cœur prendra conscience du rayonnement de Dieu dans le monde manifesté. S hiva-Shakti en Inde : L’inde a su conserver le caractère sacré de la féminité cosmique. Les dieux ne peuvent agir sans leur énergie personnifiée par la déesse. Les enseignements spirituels des yogas et des tantras proposent un éveil du féminin sacré sous la forme de la Kundalini shakti, énergie de nature féminine, lovée à la base de la colonne vertébrale et destinée à être éveillée, par les pratiques de yoga et de méditation, afin de rencontrer la Conscience et de réaliser ainsi le mariage sacré de Shiva et de Parvati, en soi même. Le symbole de ce mariage est le Shiva Arnadeshwara réunissant en un seul corps le dieu et la déesse : le dieu Androgyne, but de toute ascèse. L’éveil de la Kundalini shakti, énergie du féminin sacré, est la condition essentielle de l’éveil spirituel et de l’illumination de la Conscience ; cette énergie est ignée, elle est flamme, comme l’Esprit Saint chrétien (c’est là en effet qu’Elle s’est cachée, dans le christianisme de Dieu le Père) Cette énergie cosmique est donc solaire.
LE RETOUR DU FEMININ SACRE EN OCCIDENT
La Grande Déesse et le caractère sacré de la féminité n’ont jamais disparus : sa survie souterraine, nous l’avons vu, malgré les persécution et l’obscurantisme de l’Eglise, lui permets depuis quelques décennies de réapparaître au grand jour sous des formes inattendues et variées : Réhabilitation de la Grande Déesse Mère, au moyen age, sous la forme de la Vierge Marie, mère de Dieu, la Bonne Mère, debout sur le monde ; figure divine et cosmique, mais encore associée à la Lune. Un nouveau regard sur la Nature et une prise de conscience que la Terre est un être vivant : le retour de Gaïa. Développement des mouvements écologistes. Résurgence des antiques prêtresses : mouvement Wicca ; celtiques, chamaniques, et retour d’un néo paganisme dans la jeunesse actuelle accordant à la Nature l’incarnation de l’énergie divine ; néo panthéisme. Un nouveau regard porté sur le personnage de Marie de Magdala (dont les Evangiles n’ont jamais dit qu’elle était une prostituée…) Ce, à partir de l’Evangile gnostique « de Marie » où elle est présentée comme la disciple favorite de Jésus : celle qui en reçoit les enseignements les plus secrets ; au grand dame des disciples mâles qui s’insurgent . Marie de Magdala aurait elle été la compagne ou l’épouse du célèbre rabbi ? Évincée ensuite par une Eglise misogyne engluée dans la peur de la féminité. Le retour en grâce du Dragon : Il devient l’ami, l’allié, celui avec lequel on doit composer et non plus combattre, la monture du héros (dans la littérature d’heroïc fantazy) L’apparition, dans le cinéma et la littérature, des héroïnes en quête d’absolu : Des femmes exprimant librement leur énergie et leurs désirs d’accomplissement : des héroïnes solaires et combattantes.
LE RETOUR DU FEMININ SACRE SERAIT IL NOTRE SALUT ET LA CLEF DE NOTRE EVEIL INTERIEUR ?
Par : Le mariage alchimique des forces opposées qui nous constituent. La rencontre du féminin sacré en soi. La réconciliation avec les forces de vies, le corps, le plaisir, la Nature. L’acceptation pour l’homme de sa part féminine sans laquelle aucun dialogue ne saurait être possible avec la femme (et inversement pour la femme)
Accomplir la mutation permettant la naissance de l’homme lunaire conscient de la présence du féminin sacré en lui-même, et des forces de vie de nature féminine qui l’animent.
Permettre à la femme lunaire, asservie et réduite à sa nature femelle primaire par des millénaires de pouvoir viril, de retrouver sa nature solaire, celle de la déesse des origines. Mais qu’en est il de la quête de la femme ? Nous n’avons parlé, à travers les mythes et les contes, que de la quête du héros mâle à la recherche de sa féminité cachée, du féminin sacré.
MAIS, Qu’en est il de la quête de la femme ? Jamais mise en relief dans la littérature virile de nos cultures ? Chercherait-elle son « masculin Sacré » ? Il semblerait que non… « J’ attend qu’un homme fasse de moi une flamme… » M’a dit un jour une amie : Donc : « qu’il me rende à me véritable nature ignée, solaire » ….. « Qu’il me libère de ma « femellité », prison de chair dans laquelle il m’a si longtemps tenue captive, afin qu’il permette l’expression de ma féminité profonde et qu’il me rappelle le caractère fondamentalement sacré de ma nature » ….. « Qu’il me révèle ma propre féminité sacrée. » semblait attendre cette femme.
L’homme, comme la femme, sont en quête d’un unique Graal : la féminitude intérieure ; L’Energie de Vie qui les guide et les sous-tend.